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( extrait d'une photo tirée de "Balma, deux mille ans d'histoire")

lundi 3 octobre 2016

Burineur-judo

Cette nuit, cauchemar. Je rêve de marteau piqueur et de carrelage récalcitrant. Je me réveille en sueur juste avant de faire une bêtise. Le carrelage ici ressemble bigrement au mien.



Ouf, j'ai failli me faire virer de la jolie maison où l'on m'offre l'hospitalité pendant les travaux. Pire, peut-être...
Avec une nuit aussi agitée, je ne suis pas le premier à arriver à la déchèterie. On se bouscule devant moi.


"Bonjour, merci de travailler un dimanche, vous nous êtes utile.
- Ah oui, je n'ai qu'un dimanche par mois en famille... Pour le bois, c'est la benne 5, les gravats, c'est la 12 en sortant."
Je jette mon carrelage et le contemple rêveur au fond de sa benne. Où vas tu aller maintenant, carrelage ? Tu n'as pourtant pas démérité. 60 ans de bons et loyaux services et voilà où je t'abandonne. Tu étais encore solide, j'en sais quelque chose. J'ai un peu honte.

L'employé me tire de ma rêverie :
" Ca vous intéresse ces bidon de peinture vides pour vos gravats ?
- Oui, merci beaucoup.
- Au revoir.
- Au revoir. Si ça se trouve, à tout à l'heure."

Je repars pensif vers la maison et me remets au carrelage. Pas de faiblesse, pas de quartier. A l'abordage mille sabords !
Je galère un peu sur les plinthes. Ce n'est pas que j'ai du mal à les enlever mais plutôt quelles viennent avec 1 cm de mur. Il va falloir reboucher. Tant pis, je marteaupiquette quand même en essayant de juguler leur enthousiasme à aller voir la déchetterie.
A midi, c'est fini. J'ai mérité mon repas : Pour me changer les idées, je choisis le pilpil de blé avec carreaux de chocolat.




Après le café, je me mets au plat de résistance. Deux jours que je tourne autour : C'est une partie carrelée avec du lino dessus. Pas moyen de décoller le lino par partie de plus d'un cm². Il y en a 8 m². A 3 minutes par cm², j'en ai pour 2 jours sans dormir et sans compter le temps de dépose du carrelage qui est dessous. Essayons autre chose. Au judo, il faut se servir de la force de l'adversaire pour le faire tomber. Puisque ce lino est si attaché à son carrelage, laissons-le adhérer et attaquons le carreau par dessous. Ca marche. En creusant des pointillés, ça vient même par plaque. Facile. Peut-être plus que le restant de la maison finalement. J'avais tort d'être inquiet. J'ai même inventé un nouveau sport. Comme l'appeler ? Marteau-piqueur-judo ? Pic-do ? Judo-pique ? J'hésite.


Sans y penser, à 16h, je me suis fait une longueur. Dans une heure, le bas est fini de décarreler. formidable. Je redouble d'efforts et... le marteau s'arrête. 
Il y a du courant, le ventilateur tourne, pas le piston. Bizarre.
Consultation du mode d'emploi sur mon confetti portable et jolabricole.net . Verdict sans appel : je travaille trop vite : "quand le burineur a chaud, il s'arête par sécurité et le voyant 'service' s'allume en rouge . Laisser refroidir".
Le voyant est bien rouge. Grr !

En attendant, l'hiver, je monte au galetas y déposer ma laine de verre. Tu n'as pas la berlue, lecteur, je vais bien l'enlever : elle gêne l'électricien et de toutes manières, Vintage-la-bricole l'avait posée à l'envers, pare-vapeur vers le haut, de sorte que depuis plusieurs décennies, cette laine de verre retient consciencieusement l'eau au plafond. J'en enlève 7 sacs de 100 litres, dont 5 empruntés à mon cousin de voisin, pas fâché pour deux sous. Il va m'en falloir au moins 25. Mon pot de yaourt a pas fini de faire des tours à la déchèterie.

Je suis au chômage technique. 25 sacs ? Bizarre, leur remplacement va me coûter 70 nouveaux sacs. Les anciens devaient être zippés.
Essai du burineur, puisque tel est son nom. Toujours trop chaud, toujours fâché tout rouge... Pourvu qu'il fasse froid cette nuit.

Tout ça pour gagner... combien au juste ? la hauteur d'un carreau sous la porte d'entrée qui est un peu basse. C'est à dire ...


Un centimètre, tout ce bazar pour un centimètre ! Mouaif. 

En repartant, un petit coup d'œil à la vigne vierge. 



"Tu es belle tu sais ?
- tu es gentil de me dire ça Olivier.
- ne crois pas ça, le carrelage m'avait à la bonne lui aussi."



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